Reconnaître la Palestine pour protèger Israël des sanctions
L'Occident a-t-il décidé d'imposer des sanctions à Israël ? Non, mille fois non ... il a décidé de le sauver

Bassam Tayara
L’Occident ne peut s’abstenir de «protéger» Israël. Cette politique est inhérente à l’ADN des pays occidentaux, notamment européens, qui la considèrent comme suffisante pour expier leurs péchés passés l’Holocauste nazi et même l’antisémitisme du passé de cette Europe.
Chaque fois qu’ils cherchent un levier pour sortir Israël de ses « impasses», ils s’enfoncent dans les sables mouvants du Droit international.
L’Occident européen, contrairement à l’Amérique de Donald Trump, est un Occident malveillant et lâche, contrairement à « l’Oncle Sam » : l’administration américaine ne se cache pas derrière un doigt accusateur, mais affiche ouvertement son soutien à l’État hébreu, et depuis l’arrivée de Trump de plus en plus de façon brutale.
L’Europe, quant à elle, se cache derrière des « définitions juridiques » : depuis un an et dix mois, ses responsables politiques n’ont cessé de tordre le cou à la définition juridique de la définition du « génocide ». Le massacre de Gaza il a fallut : 30, 40, 50, puis 66 000 morts et plus de 150 000 blessés, pour que le mot « génocide » sorte de la bouche des responsables politiques européens.
Mais l’Europe a-t-elle décidé d’imposer des sanctions à Israël ? Non, mille fois non ! Elle a décidé de sauver Israël en… reconnaissant la Palestine!
La reconnaissance européenne de la Palestine est un geste creux visant à absoudre Israël de toute responsabilité. L’absence de sanctions signifie la poursuite du massacre à Gaza. Cette description provient d’un écrivain israélien critiquant le retard pris par l’Europe. Il n’hésite pas à dire que c’est une récompense pour Israël, qui « devrait remercier tous les pays » qui se précipiteront à New York pour une reconnaissance trompeuse au lieu de « lui imposer des sanctions ».
Cette astuce diplomatique est utilisée par les gouvernements européens pour affronter leurs opinions publiques en colère, incapables de punir un État génocidaire. Ces pays qui se montrent très malins pour endormir les Arabes et les peuples arabes !
Quelle reconnaissance d’un État peut-il y avoir alors que 82 % de la bande de Gaza a été entièrement rasée, ne laissant que 11 % de sa superficie propice aux investissements agricoles – jusqu’à ce jour?
Quelle reconnaissance peut-il y avoir alors que la Cisjordanie coupée en deux par le projet de colonies « E1 », et désormais divisée en 23 zones non contiguës, et que toutes les sources d’eau sont confisquées et que les Palestiniens sont piégés dans des villages et des villes reliés uniquement par des routes de contournement sinueuses et exposées aux attaques quotidiennes des colons israéliens.
Reconnaître la Palestine permettra-t-il d’éviter la faim à Gaza ? Reconnaître la Palestine incitera-t-il les colons à partir et à céder leurs colonies aux Palestiniens ?
Reconnaître un État palestinien doit s’accompagner de lourdes sanctions pour les génocidaires, et qui s’appliqueront à tous ceux qui ont participé ou accepté l’application des ordres ayant conduit à ces massacres.
Reconnaître la Palestine aujourd’hui est un bouclier qui protège Israël des sanctions. Les peuples arabes, et ceux qui manifestent dans les rues des capitales occidentales, doivent d’abord comprendre que cette reconnaissance est un apaisement des consciences et un « évitement » de la question des sanctions contre l’État hébreu.
Elle ne mènera pas à la création d’un État. Chacun sait que la domination de la droite israélienne tout au long de la guerre et le vote centriste israélien à la Knesset en faveur de l’annexion de la Cisjordanie et contre la création d’un État palestinien ne font que confirmer que la société israélienne accepte la violation du droit international en imposant un fait accompli porté par les colons et à leurs partisans. En retour, les pays qui « protègent Israël » se contentent de la « punir » en reconnaissant l’État de Palestine !
De quel État palestinien parlent-ils ? Où sera-t-il établi ? Dans un tunnel ? À moins que, comme cela circule sur les réseaux sociaux, on parle de « reconnaître un cimetière »!!
Le président français Emmanuel Macron a lancé une vague de reconnaissances pour apaiser l’opinion publique française, d’autant plus que les crimes du gouvernement Netanyahou reflètent les tensions au sein de la société française.
Les Premiers ministres britannique, canadien et australien ont profité de cette vague pour dire à leurs sociétés que le monde fait son devoir, mais cela n’arrêtera ni la destruction, ni la vague de famine, ni le plan de nettoyage ethnique promu par le gouvernement israélien, qui a maintenant pris des mesures pour réaliser le rêve du « Grand Israël ».
Les Palestiniens qui ont subi l’occupation savent qu’ils ne peuvent imaginer pires conditions pour réaliser leur rêve d’État. Ils attendent des mesures punitives concrètes qui obligeront Israël à mettre fin à la guerre et au massacre. Mais l’Europe, qui a les moyens d’arrêter Israël sans l’aide de Trump, cherche encore dans ses documents juridiques (évalués selon de nombreux critères) une définition du « massacre ». Pour éviter toute gêne, elle a commencé à recycler l’idée d’une reconnaissance de l’État de Palestine avec des conditions impossibles qui ne font qu’ajouter de l’humour de ce spectacle, malgré le caractère dramatique de la situation tragique à Gaza et en Cisjordanie. (*) Voir l’article de l’auteur intitulé « Netanyahou sauve son ami Macron… ».