USA: Déficit colossal 4000 milliards de dollars
Il faut reprendre la production et cesser d'imprimer des dollars

Bassam Tayara
En juillet dernier, le gouvernement américain a fait face à un déficit de 300 milliards de dollars en un seul mois!
Le département du Trésor a annoncé qu’il emprunterait 1 000 milliards de dollars sur les trois mois de juillet à septembre. À ce rythme, l’Amérique se dirige vers un déficit annuel de 4 000 milliards de dollars, soit un déficit de 13 % pour une économie de 30 000 milliards de dollars.
La direction que cela prend n’est pas un mystère. Un pays dont la dette croît plus vite que son économie se prépare au défaut de paiement. En 1995, les États-Unis devaient 4 900 milliards de dollars. Dans 30 ans, ce chiffre atteindra 37 000 milliards de dollars, et la tendance s’accélère.
Si cette trajectoire se poursuit, Il faut s’attendre à une dette nationale de 200 000 milliards de dollars d’ici 2040.
Pourtant, alors que la crise financière s’aggrave sur son territoire, Washington reste concentré sur ses concurrents économiques extérieurs, au premier rang desquels la Chine. Au cours des 12 derniers mois, la Chine a enregistré un excédent commercial record de 1 200 milliards de dollars.
Cela s’est produit alors même que les droits de douane américains, introduits pour la première fois sous l’administration Donald Trump, sont restés en vigueur pendant un quart de cette période. Ces droits de douane étaient destinés à contenir la domination de la Chine sur le commerce mondial.
Le résultat ? Un échec ! Pour rétablir son équilibre, l’Amérique doit cesser de prétendre pouvoir contenir la Chine et ses déficits avec d’autres nations par des droits de douane, ou résoudre sa crise de la dette en imprimant davantage des dollars.
La production doit reprendre. La discipline budgétaire doit revenir. Et l’or – sa véritable valeur – doit être à nouveau pris au sérieux. On ne peut pas contenir un pays – la Chine- qui fabrique la grande majorité des biens mondiaux. La Chine domine la production mondiale d’électronique, de textiles, d’automobiles, de panneaux solaires, de machines agricoles et bien d’autres produits. La production industrielle représente 70 % du commerce mondial, et la Chine est leader dans pratiquement toutes les catégories.
Alors que les États-Unis et l’Europe vivent des services, le reste du monde – 7 milliards de personnes – a besoin de biens physiques… et la Chine répond à leurs besoins. Ce n’est pas une nouveauté. Depuis la révolution industrielle du milieu du XVIIIe siècle, le monde est régi par un cycle de production et de consommation. Mais la production doit primer – et c’est le domaine de la Chine. Aucune ingénierie financière, aucune politique tarifaire, ni aucune diplomatie n’y changera rien.
L’Amérique consomme ; la Chine produit. L’Europe consomme la Chine produit. Telle est la réalité mondiale, rien de moins.
Même sur le plan monétaire il y a de quoi se poser des questions, le président Trump a discrètement annulé les droits de douane récemment annoncés sur l’or. Pourquoi ? Parce que l’Amérique en a besoin davantage. Avec plus de 37 000 milliards de dollars de dette nationale et 8 500 milliards de dollars de bons du Trésor étrangers, les États-Unis ont désespérément besoin de valeur réelle, et l’or reste l’actif monétaire le plus fiable.
Le pays possède 8 000 tonnes d’or, d’une valeur de 874 milliards de dollars. Mais pour couvrir véritablement sa dette extérieure avec de l’or, le prix devrait atteindre 32 000 dollars l’once, soit dix fois le niveau actuel. Pendant ce temps, la Chine continue d’accumuler de l’or à un rythme sans précédent, ajoutant des milliers de tonnes chaque année.
Le message est clair : ils comprennent que l’or est une véritable monnaie. Les monnaies fiduciaires et les marchés obligataires peuvent fluctuer, mais l’or reste la réserve de valeur par excellence. Imposer des droits de douane sur l’or était donc contre-productif. L’or n’est plus seulement une matière première, c’est le véritable marché obligataire.
Le système financier actuel, avec ses rendements artificiels et ses fluctuations perpétuelles de la dette, ne stocke plus de valeur. Seul l’or en est capable.
Les États-Unis s’engagent sur une voie dangereuse : déficits élevés, dette explosive et système financier de plus en plus déconnecté de la réalité.
Pendant ce temps, la Chine non seulement résiste à l’endiguement, mais prospère, à la fois comme usine mondiale et comme puissance financière adossée à … l’or.
Pour se redresser, l’Amérique doit cesser de prétendre pouvoir contenir la Chine par des droits de douane ou résoudre sa crise de la dette en imprimant davantage de monnaie. La production doit reprendre. La discipline budgétaire doit revenir. Et l’or – sa véritable valeur – doit être à nouveau pris au sérieux.
Ceci concerne également l’Europe. En un mot : la réalité économique l’emporte tôt ou tard.