USA-Russie: Trump protège Poutine
Washington s'est retiré d'un groupe chargé d'enquêter sur les responsables de l'invasion de l'Ukraine

Bassam Tayara
Les analyses et les titres des journaux russes de ces derniers jours révèlent que les récentes « avancées » dans les relations américano-russes s’accompagnent de tensions avec les capitales européennes.
Moscou désignant l’Union européenne comme « le principal obstacle à toute solution en Ukraine », notamment dans le contexte des efforts en cours pour « mobiliser » une force militaire européenne à se déployer en Ukraine. Une démarche à laquelle la Russie s’oppose catégoriquement.
Des appels se multiplient en Europe pour trouver des mécanismes permettant de soutirer des concessions à Moscou dans tout accord futur, qui,tout le monde l’a compris , tout accord dans ces circonstances, sera très probablement dans l’intérêt de Moscou.
La position de la Russie semble également s’étendre à certains pays européens, notamment la Hongrie. Son ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a annoncé, alors qu’il se rendait à Bruxelles, pour assister à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, que son pays s’opposerait à l’extension du soutien militaire à l’Ukraine aux frais des contribuables européens. Il a indiqué que « plusieurs propositions seront à l’ordre du jour de la réunion visant à fournir à l’Ukraine des milliards d’euros ou des fournitures militaires avec l’argent des contribuables, et nous nous rendrons à Bruxelles pour rejeter ces propositions, qui visent à soutenir la poursuite de l’action militaire et à contribuer à l’échec des pourparlers de paix. »
Le ministre a ajouté : « Bruxelles est désormais isolée sur le plan international parce que les politiciens européens libéraux qui appellent à la guerre tentent constamment d’empêcher le succès des pourparlers de paix. »
Alors que Kiev et Moscou échangent des attaques, le Kremlin a confirmé hier qu’un appel téléphonique était prévu entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine aujourd’hui (mardi 18 mars 2025).
M. Trump a été le premier à annoncer cet appel depuis son avion présidentiel lundi, précisant que le dernier contact entre les deux présidents remontait au 12 février. Dans une nouvelle indication de l’insistance de Washington à éviter de tenir Moscou responsable de la guerre en Ukraine, le New York Times a rapporté que le ministère américain de la Justice avait informé les responsables européens, dans une lettre, que les États-Unis se retiraient d’un groupe multinational créé pour enquêter sur «les dirigeants responsables de l’invasion de l’Ukraine », y compris Poutine.
Washington s’est retiré d’un groupe chargé d’enquêter sur les responsables de l’invasion de l’Ukraine.
L’administration Trump s’efforce également de limiter le travail de l’équipe chargée de la responsabilité des crimes de guerre (War Crimes Accountability Team) du Département d’État américain, créée en 2022 par le procureur général Merrick Garland.
Dans ce contexte, les pays européens ont commencé à mobiliser leurs ressources pour combler le vide créé par le retrait de Washington et son refus de prendre des engagements sécuritaires envers Kiev et ses partenaires européens en général.
Parallèlement, de nombreux analystes exhortent l’Europe à compenser le manque à gagner américain si elle veut « survivre » et éviter de se soumettre aux conditions « strictes » de Moscou.
Dans ce contexte, un rapport publié par Foreign Policy indique que « si le soutien américain est essentiel à la résilience à long terme de l’Ukraine, Kiev et ses partenaires européens ne devraient pas sous-estimer leurs capacités indépendantes et acquiescer (trop rapidement) aux exigences russes lors des négociations ».