Amadouer la Chine: Est ce que Macron réussira là où les sanctions ont échoué?

Xi Jinping effectue une visite d’État en France à l'occasion du soixantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre Pékin et Paris.

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Bassam Tayara

Xi Jinping effectue une visite d’État en France à l’occasion du soixantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Pékin et Paris.
La date de cette visite est un prétexte protocolaire mais la venue de Xi arrange très bien les Chinois, venant après la tournée du chancelier allemand Olaf Scholz en Chine, du 14 au 16 avril, elle devra marquer l’approche différente à l’égard de leur pays entre les Européens et les Américains.
Washington a placé six groupes chinois sur leur liste de sanctions pour leur soutien à la Russie , et juste avant ce ballet chinois en Europe, elle en a ajouté vingt autres entités de Chine
Sous la pression des Américains l’Union européenne a, elle aussi, fini par sanctionner quelques entreprises chinoises sous le prétexte de contournement des sanctions occidentale.

Or voilà le mot clé que porte Xi dans sa poche: les sanctions!
Pas uniquement les sanctions dans le cadre de la guerre que mène la Russie en Ukraine, mais des sanctions que l’ancien président américain Donald Trump, en novembre 2020, a lancées interdisant à tous les investisseurs institutionnels et particuliers américains d’investir ou d’acheter auprès d’entreprises chinoises que le ministère de la Défense a identifiées comme des « entreprises militaires de la Chine communiste » Même le ministre de la défense chinois a subi des sanctions ce qui a coupé toutes les rencontres pour une longue période.
Or Jo Biden n’a pas démantelé ces sanctions bien au contraire. Son administration a annoncé, au nom de la « sécurité nationale », un très net durcissement des règles de contrôle export concernant les biens entrant dans la fabrication de semi-conducteurs et d’informatique avancée vers la Chine.
La guerre en Ukraine et les sanctions sur la Russie et par ricochet sur la Chine sont venues exaspérer le gouvernement chinois.

Les Chinois ont trois axes d’approche concernant les sanctions:
– Premier axe: Ils prétendent ne pas aider la Russie. (ce qui est difficile à démontrer)
La porte parole du ministère des affaires étrangères chinoise Mao Ning dit ne pas comprendre ces sanctions car concernant l’Ukraine elle dit : « La Chine n’est ni à l’origine ni une partie à la crise en Ukraine et nous n’avons rien fait pour en profiter » (8 avril 2024).
– Deuxième axe: Ils savent qu’il y a une différence dans les motivations des sanctions entre Américains et Européens. Ces derniers poussés, il est vrai poussés par Washington, cherchent avant tout à atténuer le choc de l’accélération de l’industrie militaire russe.
Tandis les États-unis, depuis que Barak Obama regarde la Chine comme le grand défi pour les siècle à venir, veulent, avec les sanctions, freiner le développement de plusieurs domaines en Chine, tels que les puces avancées et les supers calculateurs, et surtout les puces de l’intelligence artificielle (IA) pour ralentir les capacités chinoises en matière de Big Data, donc militaires.
– Troisième axe: C’est le principe même des sanctions que Pékin comme Moscou, presque tous les membres du fameux BRICS contestent, et constitue le ciment de ce Sud Global qui s’oppose à l’Occident.
En mars juste après son élection pour un troisième mandat Vladimire Poutine pour son premier déplacement à l’étranger il est en Chine. Dans la conférence de presse pour clôturer la visite Xi déclare « des changements dans le monde se produisent, comme nous n’en avons pas vu depuis cent ans – et c’est ensemble que nous menons ces changements ». Poutine acquiesce son accord et répond : « Je suis d’accord avec vous ».
L’Europe veut commercer avec la Chine mais pour essayer d’aider l’Ukraine, elle lui impose des sanctions « softs ». Washington par la bouche de la secrétaire du Trésor, Janet Yellen presse les dirigeants d’Europe a renforcer leurs sanctions!
Devant des journalistes le secrétaire d’Etat adjoint américain, Kurt Campbell de passage à Paris, jeudi 2 mai, explique qu’il ne agit pas « d’incidents isolés, mais d’un plan stratégique concocté par la Chine et la Russie».
A l’Élysée le communiqué ne dit pas autre chose: « Le président de la République évoquera les inquiétudes que l’on peut avoir sur l’activité de certaines entreprises chinoises qui pourraient participer directement ou contribuer de manière significative à l’effort de guerre russe ».
Donc le soutien que l’économie chinoise apporte à l’industrie de l’armement russe devrait être sur le haut de la pile des dossiers que les deux dirigeants vont aborder.
Est ce que Macron réussira là ou les sanctions tardent à aboutir à dissuader la Chine d’aider encore davantage la Russie ?

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