G7: Ouverture et prise en compte des préoccupations de la Russie

La Déclaration des Ministres des Affaires Étrangères du G7 et les propositions du réglement de la tension entre la Russie et l'Ukraine

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Paris – Bassam Tayara

Dans cette déclaration nous trouvons plusieurs gestes de bonne volonté adressés à Vladimir Poutine.  Malgré le rappel, dès le premier point de la « non-reconnaissance » de l’annexion de la Crimée par la Russie, dès le point 3. les ministres du G7 parlent des « questions constituant une inquiétude mutuelle » et dans le point 4. suivant d’insister sur la volonté de « répondre aux préoccupations légitimes en matière de sécurité européenne« . Il est vrai que ces ouvertures timides sont noyées dans des menaces, mais ces menaces reprennent presque mot à mot des menaces que les Occidentaux proclament dès le début de la crise.

Donc si vraiment la Russie de préoccupe de sa sécurité sur son flanc ouest, le G7 (ex. G8 d’où la Russie fut exclue suite à l’annexion de la Crimée) déclare prendre en compte ces préoccupations, ce qui constitue une victoire à Poutine… s’il accepte une désescalade et si l’ouverture de négociations sur la sécurité en Europe démarre rapidement.

  1. Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, et Haut Représentant de l’Union européenne, demeurons gravement préoccupés par le déploiement menaçant de l’armée russe tout autour de l’Ukraine, dans la région de la Crimée illégalement annexée et en Biélorussie. La concentration massive non provoquée et injustifiée par la Russie, de troupes militaires, le plus important déploiement sur le continent européen depuis la fin de la guerre froide, est un défi à la sécurité mondiale et à l’ordre international.

 

  1. Nous appelons la Russie à choisir la voie de la diplomatie, à réduire les tensions, à retirer une grande partie de ses forces armées de la proximité immédiate des frontières de l’Ukraine et à se conformer pleinement aux engagements internationaux, notamment en matière de réduction des risques et de transparence des activités militaires. Dans un premier temps, nous attendons de la Russie qu’elle procède à la réduction annoncée de ses activités militaires le long de la frontière ukrainienne. Nous jugerons la Russie à l’aune de ses actes.

 

  1. Nous avons pris note des dernières déclarations annonçant que la Russie était prête à dialoguer au plan diplomatique. Nous soulignons notre détermination à poursuivre avec la Russie le dialogue sur les questions constituant une inquiétude mutuelle, telles que la sécurité européenne, la réduction des risques, la transparence, les mesures de confiance et la maîtrise des armements. Nous réaffirmons également notre détermination à parvenir à un règlement pacifique et diplomatique de la crise actuelle, et nous enjoignons la Russie à répondre positivement à l’offre qui lui a été faite de dialoguer dans le cadre du dialogue des États-Unis avec la Russie sur la stabilité stratégique, du Conseil OTAN-Russie et de l’OSCE. Nous saluons le dialogue renouvelé de l’OSCE sur la sécurité européenne lancé à l’initiative de la présidence polonaise de l’OSCE et nous espérons vivement que la Russie y prendra part de manière constructive.

 

  1. Toute menace ou usage de la force contre l’intégrité territoriale et la souveraineté des États va à l’encontre des principes fondamentaux qui constituent la base de l’ordre international fondé sur les règles, et de l’ordre européen de paix et de sécurité inscrite dans l’Acte final d’Helsinki, la Charte de Partis et les autres déclarations de l’OSCE qui ont suivi.  Tandis que nous sommes prêts à explorer toute solution diplomatique pour répondre aux préoccupations légitimes en matière de sécurité européenne, il ne doit faire aucun doute pour la Russie que toute nouvelle  agression militaire contre l’Ukraine aurait de sérieuses conséquences, y compris des sanctions financières et économiques, sur un large éventail de cibles sectorielles et individuelles qui imposerait un cout sévère et sans précédent sur l’économie russe. Dans un tel cas de figure, nous prendrions en concertation des mesures restrictives.

 

  1. Nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple ukrainien et notre soutien aux efforts menés par l’Ukraine pour consolider sa démocratie et ses institutions, et l’encourageons à poursuivre les progrès en matière de réformes. Il est pour nous de la plus grande importance de contribuer à préserver la stabilité économique et financière de l’Ukraine et le bien-être de sa population. Dans le prolongement de l’aide que nous dispensons à l’Ukraine depuis 2014, nous sommes déterminés à prendre notre part, en étroite coordination avec les autorités ukrainiennes, afin de soutenir le renforcement de la résilience de l’Ukraine.

 

  1. Nous rappelons notre engagement inébranlable à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières et ses eaux territoriales reconnues au plan international. Nous réaffirmons le droit de tout État souverain à décider seul de son avenir et de ses arrangements de sécurité. Nous saluons la retenue dont fait preuve l’Ukraine face aux constantes provocations et aux tentatives de déstabilisation dont elle fait l’objet.

 

  1. Nous soulignons notre vive appréciation et soutien continu aux efforts menés par l’Allemagne et la France dans le cadre du format Normandie pour veiller à la pleine application des Accords de Minsk, seule voie possible pour parvenir à un règlement politique durable du conflit à l’est de l’Ukraine. Nous reconnaissons les déclarations publiques du Président Zelensky soulignant l’engagement ferme de l’Ukraine en faveur des Accords de Minsk et sa disposition à contribuer de manière constructive au processus Les ouvertures ukrainiennes méritent d’être examinées sérieusement par les négociateurs russes et par le gouvernement de la Fédération de Russie. Nous appelons la Russie à saisir l’opportunité que représentent les propositions ukrainiennes pour la voie diplomatique.

 

  1. La Russie doit procéder à une désescalade et respecter ses engagements dans la mise en œuvre de l’accord de Minsk. L’augmentation des violations du cessez-le-feu le long de la ligne de contact ces derniers jours est très préoccupante. Nous condamnons l’utilisation d’armes lourdes et le bombardement indiscriminé de zones civiles, qui constituent une violation manifeste des accords de Minsk. Nous condamnons également la poursuite par la Russie de la délivrance de passeports aux habitants des zones non-contrôlées par le gouvernement en Ukraine. Ceci contrevient clairement à l’esprit des Accords de Minsk.

 

  1. Nous sommes particulièrement préoccupés par les mesures prises par les « républiques populaires » autoproclamées, qui doivent être considérées comme préparant le terrain à une escalade militaire.  Nous craignons que des incidents mis en scène ne soient utilisés comme prétexte à une éventuelle escalade militaire. La Russie doit user de son influence sur les républiques autoproclamées pour faire preuve de retenue et procéder à la désescalade.

 

  1. Dans ce contexte, nous exprimons fermement notre soutien à la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, dont les observateurs jouent un rôle clé dans les efforts de désescalade. Cette mission doit être autorisée à pleinement mener à bien son mandat sans restriction à ses activités ou à sa liberté de mouvement, au service des populations de l’Est de l’Ukraine et pour garantir leur sécurité.
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