L’élection présidentielle en France: Le trouble entre gauche et droite

Seuls l'immigration, l'islam et les réfugiés sont un point commun à tous les bords

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Bassam Tayara

Dimanche, c’est la date du premier tour des élections présidentielles en France, c’est-à-dire la course pour entrer à l’Elysée !

Qui remportera la course la gauche ou la droite ? Les données montrent que le clivage entre « gauche et droite » s’est affaibli au fil du temps et que les Français ont perdu le sens de «ce fossé » entre gauche et droite dans la sphère politique. C’est ce qu’a mis en évidence la campagne électorale présidentielle et les discussions et dialogues qui l’ont accompagnée sur les plateaux des chaînes, les réseaux et les médias.

En vrai même si le clivage « gauche-droite » continue de structurer les attitudes et les valeurs des Françaises et des Français, dans la sphère économique ou de société. Mais à l’intérieur de ces domaines se superposent également les caractéristiques de groupes sociaux homogènes et hétérogènes, de classes et même de pratiques religieuses. Ces évolutions reflètent les changements intervenus dans les valeurs individuelles des Français.

Bien sûr, ces transformations se reflètent dans la campagne présidentielle qui fut polluée par l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences géopolitiques. Ces soubresauts si elles étaient intervenues plus tôt, auraient eu des répercussions majeures sur la division politique et sur le principe « gauche-droite » dans la France profonde.

De nombreux articles et commentaires confirment le brouillage des courants idéologiques au sein des forces politiques françaises non seulement vis-à-vis de la guerre russe en Ukraine mais aussi dans tous les domaines économiques, culturels et environnementaux.

Néanmoins, certains médias utilisent encore des termes traditionnels : à titre exemple « le centre gauche », « la gauche modérée », la « gauche républicaine » (socialiste), « le centre droit », « la droite républicaine » (les républicains gaullistes, comme on peut le qualifier de président sortant Macron), ou « radical » (Malenchon, candidat de la France Fière) ou (candidat d’extrême droite Derek Zemmour) ou  « radical de gauche » (Ligue d’action révolutionnaire ou parti anticapitaliste). C’est-à-dire qu’il existe une confusion sémantique qui rend difficile la projection de cette description sur tel ou tel candidat dans tous les domaines. Alors les médias sont confus face au Parti communiste français, est-il radical ou républicain ? Même constat du côté des Verts : les revendications environnementales des Verts sont radicales , mais leur ligne politique est centriste, voire de droite dans certains domaines !

L’utilisation large – et pratique – des termes gauche et droite remonte à un siècle ou deux, mais il n’est pas nécessaire d’invoquer l’histoire pour évaluer ce clivage « droite-gauche » qui remonte à la Révolution française, tel qu’il a été présent dans nos esprits depuis la fin de la Première Guerre mondiale.

Mais lors des dernières élections en 2017, cette description a été fortement secouée. En effet, le président élu hors du Sérail français a brandi le mot d’ordre qu’il ne serait « ni de gauche ni de droite » et est allé plus loin dans certains domaines avec le mot d’ordre « en même temps », ça veut dire ce que ça veut dire…

Ces changements ont créé une confusion chez les citoyens français, bien que cela reflète leur orientation personnelle.

Auparavant, les Français pouvaient toujours reconnaître les politiciens ainsi leur programme politique à l’aide de critères de gauche et de droite. Aujourd’hui, les partisans de la droite et de la gauche réclament plus de dépenses publiques pour la santé et l’éducation, tandis que les groupes divergent, quelle que soit leur affiliation, sur la question de la réduction du nombre des fonctionnaires, contrairement aux candidats de gauche. Mais gauche et droite demandent une augmentation du nombre d’agents de santé, et le nombre d’agents de policiers !

D’autre part, il est notoire que le président sortant, malgré son « nouveau » programme s’est efforcé durant son mandat de réduire le nombre d’employés hospitaliers… avant que la pandémie de Covid ne frappe, et il a délibérément réduit le nombre de fonctionnaire et a eu recours à la privatisation de nombreuses tâches de l’État par des sociétés de conseil, ainsi qu’à la réduction des budgets du ministère de la Défense avant que …la guerre en Europe centrale ne se déclenche.

D’où des critiques perplexes sur ce vocabulaire qui n’est plus d’actualité lorsqu’on regarde de près les programmes candidats.

Ce sentiment d’absence de clivage entre la gauche et la droite amène les électeurs à s’interroger non seulement sur les programmes des candidats mais aussi sur les conceptions politiques qui pourraient les conduire aux urnes, d’où le haut pourcentage d’abstention que relèvent les sondages.

Du fait de la guerre en cours en Ukraine, Macron n’a pas fait campagne et s’est contenté d’un message aux Français contenant les grandes orientations de sa campagne, et les références directes ou indirectes à la gauche ou à la droite étaient absentes de ce message, mais ont abordé les thèmes phares des deux bords (droite-gauche), par exemple : lutter contre les inégalités, augmenter le salaire minimum, ou inviter les citoyens à participer aux élections, qui font partie des priorités de ceux qualifiés de gauche dans les médias français. Il a également abordé la question de l’augmentation du temps de travail et de la réduction des impôts, qui sont des revendications purement de droite.

Les programmes politiques qui divisaient autrefois la gauche et la droite, aujourd’hui s’entremêlent notamment dans les domaines de l’immigration et de l’islam : les candidats s’accordent de l’extrême droite à la gauche (à l’exception de l’extrême gauche La Ligue de lutte ouvrière et du Nouveau parti anticapitaliste) sur la nécessité de « maîtriser » l’immigration et de s’attaquer la situation des réfugiés du « sud » (c’est-à-dire les Arabes, les Africains et les musulmans en général) Nationalité pour les personnes condamnées pour des délits de plus de deux ans ou des peines pénales, alors que des candidats de gauche, dont Macron, réclament un renforcement des contrôles aux frontières , conduisant à une sorte d’« immigration sélective », c’est-à-dire l’accueil de réfugiés à la demande selon les explications du marché du travail.

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