Ukraine: La position de la Chine se décidera après le 20ème congrès

Le confinement de Shanghai a réveillé le "clan de Jiang Zemin" pro-occidental

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Bassam Tayara

Les eaux ne coulent pas tranquillement vers le prochain 20ème congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui doit lui confier un nouveau mandat.

Entre actions chaotiques des responsables de Shanghai pour appliquer les consignes de confinement et le réveil du clan « concurrent » de Jiang Zemin pour dénoncer ce confinement qui met à genou le plus grand centre économique du pays, la lutte au sein du politburo a commencé.

Xi voudrait que la guerre en Ukraine se termine avant la tenue du congrès ce qui lui laissera les mains libres pour des actions extérieurs (soutien à la Russie, et pourquoi pas serre plus Taïwan).

Frange de Shanghai est plus pragmatique à l’égard de ces deux points essentiels pour garder « de bonnes relations avec l’Occident » : rester loin du bourbier ukrainien où Poutine a plongé, et donner du temps au temps pour récupérer Taïwan.

Le confinement de Shanghaï et la politique de Pékin très strict, qui suscite le mécontentement à l’égard de la stratégie zéro Covid, dresse les deux clans l’un contre l’autre.

S’ajoute à cela une croissance économique qui n’est pas au rendez-vous, avec une perspective le risque des sanctions occidentales dans le cas où il dévoile de façon plus ostentatoire son soutien à la Russie comme stipulé dans leur dernier accord (le 4 février) quelques jours avant le début de l’invasion de l’Ukraine (le 24 février).

Ce sont des facteurs de conjonctures. Le plus grave pour Xi Jinping c’est le réveil du « clan de Shanghai » le plus puissant des courants construit jadis autour de l’ancien chef historique Jiang Zemin, et dirigé actuellement par Zeng Qinghong, membre du Comité permanent du politburo.

Ces circonstances font que la bride de la censure s’est relâchée- ou plutôt elle se relâche un moment avant d’être rattrapée. Plusieurs exemples illustrent ce phénomène : des articles critiques apparaissent sur des sites d’informations avant d’être rapidement effacées. Or maintenant on sait que les internautes copient « rapidement » par des captures d’écran ces critiques et les diffusent dans des cercles fermés (étant des captures inertes il est difficile à l’intelligence artificielle de les appréhender).

Mais si on parle de relâchement c’est qu’il y a des maillons faibles au seins de l’appareil de l’État et surtout au niveau des hautes sphères du PCC. Déjà la sortie des fuites sur des documents officiels sur les camps d’internement des Ouïghours fut un signe de failles dans les rouages du PCC.

Mais l’épisode dit « de Shanghai » est plus démonstratif et souligne la tension entre deux visions de l’avenir de la Chine que porte deux courants assez lourds au sein du PCC.

C’est suite à l’instauration d’un confinement très dur à Shanghai que les habitants de la mégapole, qui est le vrai poumon économique et industriel, qui de plus est une ville ouverte historiquement sur le monde, que des protestations commencèrent à s’élever contre la rudesse de cette politique sanitaire qui interdisait tout déplacement en dehors de son logis. Les réseaux ont diffusé à profusion les cris de protestation sur les balcons des immeubles et les vidéos montrant le déplacement des contaminés vers des centres sanitaires loin de leurs proches.

L’approvisionnement des habitants de Shanghai devait en principe se passer par le commerce électronique. Or la principale société chinoise de commerce électronique JD.com, a cessé de livrer la métropole, ou diminuer de façon tangible les livraisons. Face à la vague des critiques qui se sont élevées, Xu Lei le PDG a diffusé un message où il exprime sa confiance dans les décisions de Pékin (là où se trouve le siège du conglomérat), et menaça les voix critiques en écrivant sur son compte « Quiconque osera ridiculiser la capitale impériale subira de terribles conséquences ». Ce message fut rapidement effacé mais une capture d’écran de ce message a été diffusée largement.

C’était une menace de couper l’approvisionnement des 27 millions ou du moins c’est ainsi que fut compris ce message !

Suite au tôlé qu’a soulevé son twitte, le 10 avril il promit de fournir du riz, de la farine, des céréales et des huiles. La nouvelle a fait applaudir les Shanghaiens piégés, et ils ont tous passé des commandes sur JD.com. Mais après JD.com n’a rien livré !

C’est suite à ces difficultés qui touchèrent la population de Shanghai qu’entre en jeu le clan du le leader incontesté de Shanghai Jiang Zemin.

Plusieurs membres et enfants d’imminents communistes de l’époque Zemin, sont passé à l’attaque pour dénoncer le traitement de Shanghai. Toutes les réclamations qui foisonné sur les réseaux parlent des pertes économiques que Pékin voudrait infliger à Shanghai.

Le chaos à Shanghai a été causé par la lutte de haut niveau du PCC. Des twittes toujours effacés dans l’heure qui suit, parlent de l’effondrement de l’économie de Shanghai « La perte est plus grande que celle subie par l’Ukraine »

Le journaliste politique d’Epoch Times, Zhou Xiaohui, écrit que ceux qui ont la capacité de causer délibérément des troubles à Shanghai sont naturellement la faction de Jiang Zemin qui est retranchée à Shanghai depuis de nombreuses années. Même si Jiang Zemin est déjà à moitié mort, ses deux fils Jiang Mianheng et Jiang Miankang, ainsi que de nombreux fonctionnaires à Shanghai forment une communauté d’intérêts, sont capables de faire des troubles au pouvoir central.

Il est évident que Xi Jinping voudrait affaiblir le clan de Shanghai par le biais de la politique de zéro Covid, et que les fonctionnaires qui ont des collusions avec la faction de Jiang Zemin mais ont également profité pour semer le trouble et faire dénigrer la politique de Pékin. Le clan Zemin a pour but de susciter la colère du public et même le bouleversement public, pour dénoncer ainsi Xi Jinping… auprès du congrès à venir.

 

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