Liban: Un Zoom décidera de son sort

0

Bassam Tayara

Ce jour le lundi 6 février une réunion sur le Liban, dite « réunion quintuple parisienne »  se tiendra sur l’application « Zoom ».
Le communiqué du ministère français des Affaires étrangères a décrit cette réunion, qui comprend la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, comme « une tentative d’encourager les politiciens libanais à trouver une issue à la crise dans laquelle leur pays patauge ».

On n’attend pas grand-chose de cette réunion qui n’a de parisien que le fait que c’est le Quai d’Orsay qui va cliquer sur le bouton de l’application « Zoom », surtout en l’absence d’indices régionales ou même internationales sur la capacité des cinq participants ou leur volonté de réaliser une percée dans ce domaine à savoir élire un président de la République libanaise.

Bien que la représentation des pays participants derrière leur écran « Zoom » ne sera pas d’un niveau subalterne un accord n’est pas à l’Horizon.  Seront dérrière leur écran la sous-secrétaire d’État américaine aux affaires du Moyen-Orient Barbara Leaf, le conseiller du président français Patrick Dorrell, le conseiller de l’homme fort saoudien le Prince héritier (MBS) Nizar Al-Aloula avec la participation de l’ambassadeur saoudien à Beyrouth Walid Al-Bukhari, et l’assistant du ministre des Affaires étrangères égyptien l’ambassadeur Alaa Moussa ainsi que l’ambassadeur Nazih Al-Najari et enfin le vice-ministre qatari des Affaires étrangères l’ambassadeur Mansour Al-Otaibi.

C ette brochette a une importance car elle indique les forces en présence sur l’échiquier libanais et indique en même temps leur désaccord sur l’issue du bras de fer qui se joue avec les autres forces sur le même échiquier l’Iran et la Russie et dans une moindre mesur la Syrie. mais ce jeu de miroir en dit long sur le désaccord entre les diverses forces des deux « camps ».

Cependant, si la France connue pour « ses efforts » à sortir le Liban et les Libanais et ses binationaux de ce gueppier  économico-politiques d’autres capitales, spécifiquement Riyad et Washington, n’ont aucune intention de s’impliquer à l’heure actuelle dans un vrai effort pour huiler les rouages d’une solution.

Il est de notoriété que Paris a œuvré pour inciter Riyad à s’engager dans un règlement pour le Liban comme premier pas dans le détricotage des crises dans la région les unes après les autres. La réponse wahhabite sous forme de conditions à prendre ou à laisser sera le marqueur principal de la discussion derrière les écrans Zoom.

Ces conditions seront un mélange de la déclaration « Djeddah » (démanteler la puissance du Hezbollah dans les rouages de l’État libanais), de la déclaration « franco-américano-saoudienne» qui reprend le même thème mais adouci par une allusion au jeu parlementaire – une touche française qui indique que ce parti chiite a des représentants au Parlement et est adossé sur une large frange de ses concitoyens) et de la « carte koweïtienne» qui tout en reprenant le tout l’emballe dans une package aux couleurs du FMI.

Tout cela indique que s’il est nécessaire que les facteurs en jeu soient surtout que liés directement à l’équilibre des forces au Liban. Donc le maintien ou le déclenchement des aides économiques sont liées directement aux épreuves de forces régionales sur lesquelles devra être construit le schéma qui mènera à une élection d’un président libanais… un schéma qui devrait également convenir aux pays donateurs.

A la veille de la réunion de cette réunion par « Zoom » un mouvement  initié par le chef druze Walid Joumblatt, cherchait à essayer de préparer un « menu » comportant des noms de présidentiables à présenter aux « Cinq » après une tournée chez les représentants des forces politiques  libanaises pour faire en sorte que les Libanais puissent prétendre à une solution libanaise interne. Après avoir retiré son appui au député Michel Moawad qui le long des onze séances parlementaires d’élection « ratée » n’a pu obtenir le nombre suffisant de vote, il a annoncé pour la première fois son soutient au commandant de l’armée, le général Joseph Aoun, face au chef du Mouvement Marada- prosyrien, Suleiman Franjié, qui est soutenu par le Hezbollah et le mouvement Amal et leurs alliés.

Le commandant de l’armée peut être adopté par l’Arabie saoudite et Washington le soutient, et pour sûr Paris ne s’opposera pas à cette solution « locale ». Ce menu de deux noms présidentiables résume en lui même la crise libanaise sur  différents plans politiques, économiques, sociaux et peut-être sécuritaires. Si Aoun est accepté par Riyad et Washington il est présenté comme un refus de l’élection de Franjieh soutenu par le Hezbollah donc l’Iran.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a été franche et directe dans une interview au journal saoudien « Al-Sharq Al-Awsat », deux jours avant la réunion Zoom, en soulignant que « renforcer la compréhension des préoccupations du Royaume wahhabite est la meilleure réponse aux activités déstabilisatrices de l’Iran dans la région » tout est dit.

Si on ajoute au profil demandé à tout présidentiable un « engagement du Liban dans une politique de dissociation régionale -Iran, Syrie et Yémen- et d’adhésion aux résolutions internationales émises par le Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier les résolutions 1559 et 1701 » qui visent directement le Hezbollah on peut estimer que ce Zoom ne fera que prolonger la crise.

Le Palais présidentiel libanais restera sans locataire et le FMI attendra, les réformes politiques, économiques et financières, avant de faire des propositions qui peuvent sauver le Liban.

Les Libanais devront également patienter avant d’avoir un président … ils et elles peuvent continuer à s’agglutiner devant les banques qui ont mis la mains sur leurs épargnes et comptes… à défaut de pouvoir suivre les Zooms qui traitent de leur vie (par manque de courant électrique).

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. AccepterEn savoir plus