L’Asie est-elle prête pour défendre Taïwan?

Sans le soutien des alliés, le formidable défi de défendre Taïwan sera plus difficile

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Bassam Tayara

Quel seraient les réactions des pays asiatiques en cas de conflit entre la Chine et les États-Unis autour de Taïwan ?
Washington a beaucoup d’alliés qui entourent la Chine : comment se comporteront-ils ? Feront-ils la guerre à leur voisin géant pour les « yeux de Formose » ?
Ces questions taraudent les chancelleries qui essaient d’établir un parallélisme entre la réaction des alliés européens après l’agression russe de l’Ukraine et celle attendue des alliés asiatiques.
En Asie malgré l’influence américaine bien établie sur cette ceinture de pays qui « endigue » la Chine, il n’y a pas d’alliance similaire à l’Otan, et surtout il n’y a pas « d’article 5 »*.
Le « Wall Street Journal » rapportait, il y a deux jours, le manque d’engagement du Japon à s’impliquer directement dans la défense de Taiwan.
Selon ce rapport fait sur place, le gouvernement japonais pourrait, à la rigueur, autoriser les États-Unis à utiliser les bases américaines au Japon, mais sa participation au feu de l’action est peu probable.
« Les dirigeants de Tokyo évitent tout discours sur un rôle éventuel dans une guerre pour la cause taïwanaise. Cette discrétion est motivée en grande partie par l’opposition de l’opinion publique japonaise à toute implication dans un conflit militaire ».
Si le gouvernement japonais augmentait ses dépenses militaires de façon drastique, il le fairait pour la défense de l’Archipel et non pour pouvoir participer à une guerre majeure.

En mai dernier le site américain « Responsible Statecraft » avait mis en garde: « Les États-Unis ne devraient pas supposer que le Japon se conformera simplement aux souhaits ou aux attentes de Washington. »
Cette hésitation de l’opinion publique japonaise, a été soulevée par « Voice of America » insistant sur le fait que « l’implication japonaise dans un conflit autour de Taïwan est loin d’être certaine, car elle n’est pas populairement soutenue au Japon ».
Selon un sondage réalisé ce printemps pour le journal « Asahi Shimbun », seuls 11% des répondants japonais ont déclaré que leurs forces armées devraient se joindre aux États-Unis dans les combats, tandis que 27% ont déclaré que leurs forces ne devraient pas du tout suivre l’armée américaine. .

Responsible Statecraft a évoqué, dans un autre article publié lundi 17, la possibilité que des alliés américains rejoignent la guerre avec la Chine au sujet de Taïwan, notant qu’un nouveau rapport indique qu’au moins un partenaire majeur dans la région hésitera à entrer dans la bataille.
L’article détaille que s’il y avait une guerre avec la Chine à propos de Taiwan, il est peu probable que les alliés régionaux de l’Amérique se joignent aux États-Unis pour combattre. Le rapport estime que Washington suppose souvent qu’il peut compter sur au moins certains de ses alliés avec qui des traités ont été signés,  pour soutenir et rejoindre les forces américaines, mais cela est basé sur les scénarios les plus positifs et les « voeux pieux », selon le rapport.
Il ajoute que les alliés les plus « fiables », dont le Japon et l’Australie, « hésiteront à se joindre » à ce qui serait un effort de guerre américain très coûteux.
Sans le soutien des alliés, le formidable défi de défendre Taïwan « ne deviendra que plus difficile ».

Revenant à l’article, il a expliqué qu’il était également peu probable que l’Australie rejoigne les États-Unis dans la guerre, car le gouvernement australien était clair qu’il n’avait fait aucune promesse aux États-Unis qu’il participerait à un conflit sur Taïwan dans le cadre de l’accord AUKUS.

Bien que l’Australie ait participé à toutes les grandes guerres américaines depuis la Seconde Guerre mondiale, la guerre pour Taïwan est presque certainement « loin » de cet esprit, selon le rapport.
Le gouvernement philippin a déjà exclu de permettre aux États-Unis d’utiliser des bases sur son sol pour soutenir les opérations américaines dans une éventuelle guerre au large de Taïwan.
De même, la Corée du Sud qui a de fortes raison à rester à l’écart du différend taïwanais, car elle ne peut pas se permettre de rompre avec la Chine. Comme d’autres alliés, la Corée du Sud entretient d’énormes relations commerciales avec la Chine, qui s’effondreraient si elle se joignait à une campagne militaire américaine.

La Thaïlande, un allié régional de longue date, des États-Unis, est moins encline à avoir quoi que ce soit à voir avec un tel conflit.

En conclusion, l’article indique que la réticence des Alliés à participer à une guerre majeure est « compréhensible ».
et de conclure que chacun de ces alliés perdra beaucoup s’il prend les armes contre la Chine », et qu’il n’a aucune raison impérieuse de se joindre à un tel conflit.
Il a clairement indiqué que cette réticence à s’impliquer dans la guerre devrait faire réfléchir les décideurs politiques américains et rendre les États-Unis plus prudents quant à l’engagement d’une guerre majeure.

 

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