La France ne reconnaîtra aucun changement aux lignes de 1967

Israël - Palestine: Pour la mise en oeuvre de la résolution 2334

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Presse-Net (New York)

Intervention de M. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, au Conseil de sécurité à New York, fut d’une franchise qui étonna les membres du Conseil par la détermination dont la France fait acte dans ce dossier brûlant: Palestine-Israël. (Suit la communication faite le 21 décembre 2021)

Monsieur le Président,

Je remercie le coordonnateur spécial pour son intervention. Elle nous rappelle que seule une solution à deux Etats, vivant en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, le long des lignes de 1967, et ayant tous deux Jérusalem pour capitale, permettra de répondre aux aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien et de garantir la sécurité de tous.

Cette solution a été définie par le droit international, les paramètres agréés et les résolutions de ce Conseil, y compris la résolution 2334. Seule la mise en oeuvre de ce cadre permettra une paix juste et durable dans la région. C’est sur ce constat réaliste que se fonde le soutien continu de la France et de ses partenaires européens à la solution des deux États.

Les faits sont clairs : l’adoption de la résolution 2334, il y a maintenant cinq ans, n’a pas permis d’empêcher la poursuite de la colonisation. La tendance positive de ces derniers mois a été remise en cause par des actions unilatérales.

Premièrement, par la multiplication d’annonces en matière de colonisation après quelques mois de gel. La décision des autorités israéliennes de suspendre temporairement la création d’une nouvelle colonie à Atarot offre un sursis. Mais ce projet doit être définitivement abandonné. Je rappelle que s’il était mis en œuvre, il constituerait, comme pour Givat Hamatos, la création d’une nouvelle colonie à Jérusalem-Est pour la première fois depuis vingt-cinq ans. La France reste également préoccupée par les plans visant à étendre la zone E1.

La colonisation est contraire au droit international et ne fait qu’éloigner la perspective d’un règlement pacifique du conflit. La France ne reconnaîtra aucun changement aux lignes de 1967 autre que ceux agréés entre les parties. Les Etats doivent tous faire la distinction dans leurs échanges entre le territoire d’Israël et les territoires occupés de 1967.

Deuxièmement, cette année encore, le nombre de démolitions et d’expulsions atteint des records. Les violences commises par des colons envers des Palestiniens augmentent. L’escalade en cours dans les Territoires palestiniens est préoccupante : nous déplorons toute perte de vie humaine, et saluons à ce sujet la détermination affichée par les autorités israéliennes à lutter contre l’extrémisme des colons. Nous rappelons qu’Israël doit assurer la protection de tous les civils, y compris les Palestiniens, en vertu du droit international. Il doit également s’assurer à ce titre de l’utilisation proportionnée de la force par ses forces de sécurité. Il doit enfin veiller à ce que les responsables de crimes soient traduits en justice.

Troisièmement, la désignation de six ONG palestiniennes comme organisations terroristes constitue un nouveau rétrécissement de l’espace pour la société civile en Palestine. Ces désignations, qui concernent notamment une ONG ayant reçu le prix de droits de l’Homme de la République française en 2018, sont très préoccupantes.

Nous appelons enfin l’Autorité palestinienne à assurer le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans les territoires sous son contrôle, ainsi qu’à un renforcement de la gouvernance démocratique. Nous sommes préoccupés par les dérives observées ces derniers mois. La tenue des élections municipales en décembre rappelle l’importance d’élections générales permettant de renouveler la légitimité démocratique des institutions. Des institutions démocratiques fortes, fondées sur le respect de l’État de droit, sont en effet indispensables pour un État palestinien viable.

Face à ce constat, la communauté internationale doit agir pour inverser la tendance à l’oeuvre.

Cela passe d’abord par la consolidation du cessez-le-feu à Gaza, l’intensification de la réponse humanitaire et des efforts de reconstruction. La France salue l’action essentielle de l’UNRWA et appelle à un sursaut des donateurs pour lui permettre de payer ses salaires de décembre. Les mesures prises par Israël en faveur du développement des territoires palestiniens doivent être approfondies.

Il est essentiel enfin de recréer un horizon politique pour la reprise des négociations entre les parties. C’est pourquoi la France est déterminée à œuvrer avec ses partenaires pour des mesures concrètes et réciproques visant à favoriser la confiance entre les parties. La France poursuivra ses efforts dans le cadre du groupe d’Amman et avec ce Conseil, ainsi que le Quartet, pour qu’ils jouent un rôle actif.

Je vous remercie./.

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